En 2023, 77 centres français ont réalisé des greffes de cellules souches hématopoïétiques (CSH). Cette activité est divisée en deux catégories : greffes allogéniques et greffes autologues. Parmi ces 77 centres, 39 n’ont réalisé que des autogreffes, 2 n’ont réalisé que des allogreffes et 36 ont eu une activité mixte.
En 2023, 4 743 patients ont reçu un ou plusieurs greffons de CSH autologues ou allogéniques, soient 2 588 patients pour 2 727 greffes autologues et 2 155 patients pour 2 170 greffes allogéniques apparentées ou non apparentées. Ces résultats sont établis sur la base de la déclaration des centres de greffe à l’Agence de la biomédecine.
L’activité globale d’allogreffe de CSH montre une progression en 2023. Le nombre total d’allogreffes réalisées dans les centres autorisés est de 2 170 dont 1 231 en situation non apparentée. (Tableau CSH G1, Figure CSH G2).
Données
Mode de recueil
L’Agence de la biomédecine recueille chaque année :
- Des informations quantitatives relatives aux greffes : le nombre total de greffes réalisées et le nombre total de patients greffés, par centre et par type de greffe (ces chiffres sont reportés dans les Tableaux CSH G2, CSH G4, CSH G5). Ces données sont obtenues par les déclarations d’activité envoyées par chaque centre de greffe.
- Des informations qualitatives concernant chaque greffe réalisée pendant l’année en cours (diagnostic, état de la maladie à la greffe, …). Ces données étaient saisies par les centres jusqu’en juillet 2023 dans la base ProMISe (base de données de l’EBMT). En août 2023, la base de données de l’EBMT a été refondue. Elle s’intitule désormais EBMT Registry. Des extractions de cette base fournissent les informations relatives à chaque greffe.
Population étudiée - Exhaustivité
La base de données constituée par l’extraction au 21 mai 2024 des données saisies dans EBMT Registry par les 77 centres de greffe de CSH, comprend pour les greffes 2023 :
- 1 944 allogreffes pour 1 931 patients : l’exhaustivité des données est de 89,6% par rapport aux chiffres d’activité communiqués par les centres (Tableaux CSH G1, CSH G4 et CSH G5). Les 10,4% d’allogreffes non saisies sont liés au changement de la base de données de l’EBMT en cours d’année 2023, qui a nécessité un apprentissage relativement long pour les data managers des centres de greffe.
- Compte-tenu de la refonte de la base de données EBMT Registry, il a été demandé aux centres de greffe de saisir prioritairement les allogreffes.
- En ce qui concerne les autogreffes, seuls les résultats issus des déclarations d’activité des centres seront produits dans ce rapport.
Méthodes statistiques
Les résultats présentés sur les greffes de l’année 2023 ont été obtenus à l’aide des procédures de statistique descriptive du logiciel SAS (version 9.3).
En 2023, tous les centres répertoriés par l’Agence de la biomédecine ont déclaré leur activité d’autogreffe, à l’exception de deux centres : l’hôpital Louis Pasteur à Colmar et le centre hospitalier Lyon Sud.
2 727 greffes autologues ont été réalisées pour 2 588 patients qui ont reçu une ou plusieurs autogreffes (Figure CSH G1).
L’activité d’autogreffe n’étant pas soumise à autorisation, il y a probablement une sous-estimation du nombre total d’autogreffes réalisées par an en France et déclarées à l’Agence de la biomédecine.
Le Tableau CSH G2 rapporte l’activité d’autogreffe telle qu’elle a été déclarée par chaque centre. Les greffes autologues ont été réalisées par 75 équipes, parmi lesquelles 18 ont effectué chacune 50 autogreffes ou plus et 9 moins de 10 autogreffes. Dans 99,9% des cas, le greffon est constitué de cellules souches hématopoïétiques du sang périphérique, et dans 2 cas la source du greffon était la moelle osseuse.
En France, en 2023, 38 centres autorisés ont réalisé un total de 2 170 allogreffes de CSH. L’activité de greffe à partir de donneurs non apparentés, avec 1 177 greffes, soit 54% des allogreffes, est en progression de 15% par rapport à 2022, alors que l’on observe, sur la même période, une diminution de 8% des allogreffes apparentées non haplo-identiques, et une augmentation de 10% des allogreffes apparentées haplo-identiques (Tableau CSH G1, Figure CSH G2).
Par ailleurs, le développement des greffes intrafamiliales haplo-identiques (greffes HLA semi-compatibles), a entraîné en France et dans le monde une réduction du nombre d'allogreffes de sang placentaire notamment chez les patients adultes (Figure CSH G2).
En 2023, au total 1 242 prélèvements de MO ou CSP (n=1 174) et 68 cessions d’unités de sang placentaire ont permis la constitution de 1 231 greffons de CSH non apparentés : 162 de moelle, 1 012 de CSP et 57 de sang placentaire. Cette activité est en légère augmentation concernant les prélèvements à partir des donneurs non apparentés (MO et CSP) mais en diminution pour les greffes de sang placentaire.
Les faibles différences observées chaque année entre le nombre de greffons non apparentés constitués pour des patients nationaux et les nombres d’allogreffes non apparentées ont des causes multiples :
- Certains greffons sont utilisés pour un boost CD34+ et non pour une allogreffe,
- D’autres ne sont pas injectés, en raison notamment d’une trop faible quantité de cellules collectées ou d’un problème intercurrent survenu chez le patient,
- Certains greffons prélevés durant l’année sont cryoconservés et injectés l’année d’après.
Parmi les situations précédentes, on observe :
- 4 greffons non apparentés de CSP constitués en 2023 ont été utilisés pour un boost CD34+,
- 20 greffons non apparentés constitués en 2022 ont été injectés en 2023 (18 de CSP et 2 USP)
- 9 greffons non apparentés, constitués en 2023, ont finalement été injectés en 2024 (6 de CSP et 3 d’USP),
- 8 greffons n’ont pas été injectés en raison d’un problème lié au patient.
Les résultats présentés dans ce rapport prennent en compte uniquement les greffons injectés en 2023 (quelle que soit l’année du prélèvement du greffon ou de la cession de l’unité de sang placentaire).
L’âge médian des patients allogreffés est de 57 ans chez les adultes (min=18 ans, max=78 ans) et de 9 ans chez les patients pédiatriques (min=2 mois, max=17 ans).
Le Tableau CSH G4 rapporte l’activité d’allogreffe telle qu’elle a été déclarée par chaque centre. Dans la colonne « EBMT Registry » est notée l’activité extraite de la base de données EBMT Registry. En grisé sont indiqués les centres qui ont saisi dans EBMT Registry moins des trois quarts des greffes réalisées.
L’activité d’allogreffe en 2023 se répartit dans 38 centres adultes, pédiatriques, ou mixtes.
Le Tableau CSH G5 montre l’activité d’allogreffe de CSH par type de donneur, par source de cellules et par équipe en 2023.
Les Figures CSH G4 et CSH G5 représentent les principales indications d’allogreffe. Le diagnostic était manquant dans EBMT Registry pour 44 patients sur 1 931. Dans la Figure CSH G4, les autres hémopathies lymphoïdes concernent les lymphomes non Hodgkiniens (141 patients), les lymphomes Hodgkiniens (27 patients), et d’autres pathologies (LLC ou myélomes, 12 patients).
Par ailleurs, un total de 405 patients a reçu, en 2023 après une allogreffe, des injections de lymphocytes du même donneur (DLI), dans le cadre d’une rechute, d’une perte partielle de greffon ou de façon programmée (Tableau CSH G7).

L’activité d’allogreffe pédiatrique est réalisée en majorité dans des centres exclusivement pédiatriques ou mixtes qui déclarent à l’Agence de la biomédecine leur activité pédiatrique détaillée. Le Tableau CSH G8 donne cette activité par centre en 2023.
Parmi les 320 allogreffes pédiatriques déclarées, 272 allogreffes pédiatriques ont été saisies dans la base EBMT Registry pour 269 patients.
Les statistiques qui suivent concernant l’âge des patients pédiatriques allogreffés et le type de pathologie, sont basées exclusivement sur les allogreffes pédiatriques saisies dans la base EBMT Registry.
La répartition entre maladies malignes et non malignes dans les indications d’allogreffe chez les receveurs de moins de 18 ans est présentée dans la Figure CSH G6.
En 2023, tous les centres répertoriés par l’Agence de la biomédecine ont déclaré 2 727 greffes autologues réalisées pour 2 588 patients.
L’activité d’autogreffe n’étant pas soumise à autorisation, il y a probablement une sous-estimation du nombre total d’autogreffes réalisées par an en France.
Le développement constant des allogreffes, basé sur l'amélioration de la prise en charge thérapeutique des patients en pré- et post-greffe et le développement des registres de donneurs volontaires de moelle osseuse (41 millions de donneurs dans le monde) se sont faits autour de la diversification des sources de CSH et du profil des donneurs.
En 2023, 38 centres autorisés sur le territoire national ont réalisé un total de 2 170 allogreffes de CSH.
L’activité de greffe à partir de donneurs non apparentés, qui représente 55% du nombre total d’allogreffes, est en progression de 15% par rapport à 2022, alors que l’on observe une diminution des allogreffes apparentées non haplo-identiques.
Par ailleurs, le développement des greffes intrafamiliales haplo-identiques (greffes HLA semi-compatibles, +10% depuis 2022), a entraîné en France et dans le monde une réduction du nombre d'allogreffes de sang placentaire notamment chez les patients adultes.
Le plan ministériel CSH a tenu compte de cette réalité, et a retenu l’objectif d’un stockage raisonné, et adapté aux besoins, en pédiatrie essentiellement, de nouvelles unités de sang placentaire de grande qualité.
Ainsi, aujourd'hui cohabitent :
- Les allogreffes de CSH géno-identiques, provenant de frères ou sœurs HLA compatibles (20 %),
- Les allogreffes phéno-identiques, issues de donneurs compatibles ou d'USP non apparentés aux patients (57 %),
- Les allogreffes haplo-identiques, effectuées à partir de donneurs familiaux HLA semi-identiques (23 %),
offrant ainsi aux cliniciens un éventail de stratégies thérapeutiques adaptées à l'âge des patients, à leur pathologie et au stade de leur maladie.